De la fatigue inexpliquée à l’inconfort digestif, ces 10 idées peuvent vous aider à déterminer si votre santé intestinale doit être améliorée.

La plus grande communauté microbienne du corps se trouve dans l’intestin, où résident des milliards de microbes. Ces micro-organismes aident à décomposer les aliments, à produire des vitamines essentielles, à réguler la fonction immunitaire et même à influencer notre humeur.

Vous naviguez pour la première fois dans l’univers du microbiote intestinal, consultez notre article L’incroyable microbiote intestinal : qu’est-ce que c’est et pourquoi c’est important, afin de mieux comprendre son rôle.

Tout comme il n’y a pas deux personnes exactement identiques, le microbiote intestinal est différent d’une personne à l’autre. En fait, le microbiome est suffisamment unique pour pouvoir nous identifier, à la manière d’une empreinte digitale, tel que démontré par des chercheurs de Harvard. La dysbiose est un terme général qui fait référence à une perturbation du microbiote, ce qui entraîne un déséquilibre des proportions de microbes qui existent habituellement, généralement dû à la prolifération d’un organisme nuisible ou à une diminution drastique d’un organisme bénéfique. La recherche a identifié des associations entre certains modèles microbiens dysbiotiques (perturbés) et divers symptômes et affections. Comprendre la composition unique de votre microbiome peut donc améliorer votre compréhension de votre santé. De la fatigue inexpliquée à l’inconfort digestif, ces informations peuvent vous aider à intégrer des solutions ajustées à vos besoins individuels, apportant potentiellement des réponses et une voie vers une meilleure santé.

1. Problèmes digestifs

Les problèmes digestifs sont l’un des signes les plus courants d’un microbiote en mauvaise santé. Il a été observé que les signatures microbiennes des individus souffrant de problèmes digestifs présentent des différences dans la composition bactérienne. Par exemple, les chercheurs ont observé une augmentation des espèces de Blautia et une augmentation des Faecalibacteria comme marqueurs d’un intestin « sain ». Un microbiome intestinal sain est en outre caractérisé par des bactéries commensales bénéfiques comme Bifidobacterium et Lactobacillus, tandis qu’un intestin malsain souffrant de problèmes digestifs, peut présenter des niveaux accrus de Clostridium difficile, Escherichia coli et Helicobater pylori qui peuvent potentiellement provoquer une infection et une inflammation dans l’intestin. De tels changements dans le microbiote intestinal ont été corrélés à une altération de la motilité intestinale  ce qui peut entraîner des symptômes inconfortables tels que; des ballonnements, des gaz, de la diarrhée ou de la constipation.

1.1 Ballonnements

Les ballonnements sont un symptôme courant d’un microbiote perturbé et surviennent lorsque votre ventre est « enflé » ou distendu après avoir mangé. Cela peut être dû à une production excessive de gaz dans l’intestin et à leur accumulation, provoquant un inconfort et parfois même, des douleurs. Dans une étude portant sur des personnes en bonne santé, les niveaux d’Anaerotroncus colihominis, de Ruminococcus callidus et de Lachnospira pectinoschiza et d’espèces apparentées ont plus que décuplé au cours des épisodes de ballonnements. Les personnes atteintes du syndrome de l’intestin irritable (SII) subissent souvent ces épisodes de gonflements, et il a été constaté que les Ruminococcaceae sont associées à ces événements. Est-ce la perturbation du microbiote qui entraîne cette distension abdominale ou le syndrome de l’intestin irritable lui-même et ses symptômes qui causent le débalancement au sein du microbiote menant ainsi aux ballonnements? Pour l’instant, nous n’avons pas la réponse.

1.2 Diarrhée et constipation

Plusieurs facteurs peuvent déclencher la diarrhée, notamment les infections, les antibiotiques ou les changements de régime alimentaire. En cas d’infection, l’introduction d’agents pathogènes nocifs peut perturber le microbiote, entraînant une prolifération de certaines bactéries, comme Shigella ou Clostridium difficile, ou une diminution de bactéries bénéfiques, comme Lactobacillus. La constipation peut également être causée par des changements d’alimentation, de la déshydratation, des affections nerveuses, un manque d’activité physique, la prise d’analgésiques ou diverses conditions médicales. Il convient de noter qu’un manque de fibres alimentaires peut aussi en être la cause. On remarque chez les personnes présentant de la constipation, des variations dans leurs bactéries intestinales influencées par leur régime alimentaire et la vitesse de passage des aliments dans le côlon. Cependant, les chercheurs ont découvert que, même en tenant compte de ces facteurs confondants, les personnes souffrant de constipation présentent souvent une signature bactérienne ponctuée de Bacteroidetes en plus grand nombre, dans leur côlon.

2. Intolérances alimentaires

Les chercheurs ont observé des différences dans les microbiomes intestinaux des nourrissons et des enfants souffrant d’allergies alimentaires par rapport aux témoins sains laissant penser que le microbiote intestinal peut jouer un rôle dans le développement de sensibilités alimentaires et d’allergies alimentaires. Vos lectures sur le sujet parleront de « sensibilisation allergique » qui fait référence au déclenchement initial d’une réponse immunitaire allergique lors d’une exposition à un allergène. Cela signifie que lorsque vous rencontrez pour la première fois une substance à laquelle vous êtes allergique, votre système immunitaire commence à réagir. Des études ont rapporté que les abondances modifiées observées de Clostridiales, Bacteroidales, Enterobacteriales et Lactobacillales sont associées à une sensibilité immunitaire accrue à certains aliments.

Il a été proposé qu’une perméabilité intestinale accrue, également connue sous le nom de syndrome de fuite intestinale  ou « leaky gut » puisse également jouer un rôle dans le développement d’une allergie alimentaire. On a émis l’hypothèse que ce syndrome permettrait aux particules alimentaires non digérées et aux toxines de s’infiltrer dans la circulation sanguine, déclenchant ainsi une réponse immunitaire. Au fil du temps, cette réaction immunitaire chronique pourrait contribuer au développement d’allergies et de sensibilités alimentaires.

Les sensibilités alimentaires courantes associées aux déséquilibres du microbiote comprennent le gluten, les produits laitiers, le soja et certains types de FODMAP (oligosaccharides fermentescibles, disaccharides, monosaccharides et polyols). Ces sensibilités peuvent varier d’une personne à l’autre et il est important d’identifier les déclencheurs spécifiques de votre propre santé intestinale.

3. Carences nutritionnelles

L’absorption adéquate des nutriments est une fonction moins connue du microbiome intestinal. L’essentiel de l’absorption et de la digestion des nutriments se produit dans l’estomac et l’intestin grêle, qui décomposent et absorbent 85 % des glucides et 65 à 90 % des protéines. Les nutriments restants se retrouvent dans votre gros intestin, appelé côlon, où les microbes permettent une absorption ultérieure des nutriments. Cela représente 10 à 30 % de l’énergie totale ingérée; ces microbes nous permettent donc d’utiliser une quantité importante d’énergie supplémentaire. Sans l’activité du microbiote, notamment les Bacteroides thetaiotaomicron, le côlon a une capacité digestive limitée. Ces microbes produisent également des vitamines. Des études rapportent que les Firmicutes, les Protéobactéries, les Bacteroidetes et les Actinobactéries sont des bactéries en partie responsables de la synthèse des vitamines dans l’intestin. Un microbiome intestinal dysbiotique (perturbé) peut entraîner une réduction des microbes responsables de la dégradation et de l’absorption des nutriments contenus dans les aliments, ce qui peut empêcher votre corps d’en extraire tous les bienfaits. Cette interférence pourrait entraîner des carences en vitamines, minéraux et autres nutriments essentiels à une santé et un bien-être optimaux, bien qu’il soit important de noter que les carences en vitamines peuvent être complexes et causées par d’autres troubles.

Les carences en vitamines et en minéraux peuvent avoir de nombreux effets sur votre corps. Par exemple, une carence en vitamine B12 peut provoquer de la fatigue, de la faiblesse et même des lésions nerveuses. De faibles niveaux de fer peuvent entraîner une anémie via les symptômes tels que; fatigue, étourdissements et essoufflement. Les carences en vitamines A et C peuvent affaiblir votre système immunitaire et vous rendre plus vulnérable aux infections.

4. Affections cutanées

Les signes indiquant que vous souffrez de problèmes de peau peuvent être détectés au niveau de l’intestin, d’autant plus que de nombreuses affections cutanées sont systémiques et touchent plus d’une partie du corps. Par exemple, le psoriasis se caractérise par une inflammation systémique et s’accompagne d’un nombre plus faible d’Akkermansia muciniphila et de Faecalibacterium prausnitzii dans l’intestin. Ces deux bactéries produisent des acides gras à chaîne courte, ce qui protège contre l’inflammation de l’intestin. Il semble y avoir plusieurs liens entre l’intestin et la peau. La prévention potentielle de la dermatite atopique grâce aux probiotiques témoignent bien de cette observation.

De plus, les carences en nutriments dont nous avons parlées précédemment peuvent également avoir un impact sur la santé de votre peau. Par exemple, un manque d’acides gras oméga-3 peut contribuer à une peau sèche et inflammée. Les carences en zinc et en vitamine E peuvent nuire à la cicatrisation des plaies et augmenter le risque d’infections cutanées.

5. Troubles de l’humeur

Vous serez peut-être surpris d’apprendre que l’intestin et le cerveau sont étroitement liés. En fait, plus de 95 % de la sérotonine totale du corps est produite dans votre intestin. De nombreux autres neurotransmetteurs tels que; le GABA, les catécholamines et le tryptophane sont également produits dans l’intestin. Ce dernier possède son propre système nerveux, appelé système nerveux entérique, qui communique avec le cerveau via l’axe intestin-cerveau. Il existe des preuves que le microbiote intestinal peut également influencer le cerveau par des voies immunitaires et hormonales, tandis que des changements dans le cerveau peuvent influencer la composition du microbiote intestinal.

Des études ont observé que les personnes souffrant de troubles de l’humeur ont un microbiote intestinal caractérisé par des altérations de l’abondance de certaines bactéries dans l’intestin, telles qu’une diminution de ces dernières qui génèrent des acides gras à chaîne courte et une augmentation de celles dites pro-inflammatoires. Les abondances d’Actinobacteria et d’Enterobacteriaceae ont augmenté et Faecalibacterium a diminué de manière constante chez les patients souffrant de trouble bipolaire ou de trouble dépressif majeur. De même, les bactéries qui produisent des acides gras à chaîne courte tels que ; Coprococcus ont été retrouvées en plus grande quantité chez les gens rapportant un bien-être émotionnel alors que des niveaux plus bas ont été retrouvés chez ceux présentant un état dépressif.

6. Troubles auto-immuns

Les maladies auto-immunes surviennent lorsque le système immunitaire attaque et endommage par erreur les propres tissus, organes et cellules du corps. Certaines maladies auto-immunes sont bien connues, par exemple le diabète de type 1, la maladie cœliaque, la maladie de Hashimoto et la polyarthrite rhumatoïde, tandis que d’autres sont moins connues et plus difficiles à diagnostiquer. On pense que ces affections sont causées à la fois par une prédisposition génétique et par des déclencheurs environnementaux, tels que; l’alimentation et le mode de vie, bien que l’évolution exacte de ces troubles reste floue.

Les personnes atteintes d’une maladie auto-immune souffrent d’une inflammation systémique qui affecte plusieurs organes et parties de leur corps, et cette inflammation peut être associée à certaines signatures au sein du microbiote intestinal. Par exemple, le lupus a été associé à un rapport Firmicutes/Bacteroidetes plus faible, à une diminution de l’abondance des Lactobacillaeceae et à une augmentation des Lachnospiraceae. Une quantité accrue de Firmicutes a été observée dans la polyarthrite rhumatoïde et dans le syndrome de Sjögren. Par rapport aux sujets sains, dans la sclérose en plaques, Prevotella diminue, tandis que dans la polyarthrite rhumatoïde, Prevotella augmente. Certaines preuves suggèrent également que l’administration de probiotiques, peut potentiellement atténuer les symptômes de certaines maladies auto-immunes dans des circonstances spécifiques, mais les preuves dans ce domaine continuent d’émerger.

7. Changements de poids

Puisque nos microbes intestinaux aident à digérer les aliments que nous mangeons, ils peuvent affecter les nutriments que nous absorbons et la façon dont nous les stockons sous forme d’énergie dans le corps. Cependant, la relation entre le microbiote intestinal et les changements de poids est complexe, des études suggérant des associations entre la diversité microbienne et la prise ou la perte de poids, mais la causalité reste un sujet de recherche en cours. L’obésité a été associée à une diversité globale inférieure des bactéries intestinales. De plus, les individus ayant un rapport Prevotella/Bacteroides plus élevé ont perdu plus de poids et de graisse corporelle que les individus ayant un faible rapport P/B dans une autre étude publiée dans Nature.

8. Brouillard mental ou « brain fog »

Le manque de clarté mentale peut se manifester par des difficultés de concentration, de mémoire et de performances cognitives globales et sont étroitement liées à votre intestin. Chez les patients atteints de démence qui éprouvent des difficultés cognitives, certains marqueurs dans l’intestin ont été trouvés, tel qu’un faible taux de Bacteroides. Une étude a également montré que les personnes atteintes de brouillard cérébral présentaient une prévalence plus élevée de prolifération bactérienne de l’intestin grêle, c’est-à-dire la présence d’une croissance excessive de bactéries dans cette même section de l’intestin (SIBO).

9. Fatigue chronique

La fatigue chronique peut avoir un impact significatif sur votre qualité de vie. Vous pourriez vous sentir épuisé même après une nuit complète de sommeil ou avoir du mal à passer la journée sans avoir besoin de faire une sieste. Une vaste étude prospective a révélé que les Faecalibacterium prausnitzii et Eubacterium rectales étaient réduits chez les personnes souffrant du syndrome de fatigue chronique (SFC) et que de faibles niveaux de Faecalibacterium prausnitzii dans l’intestin étaient associés à une aggravation des symptômes de fatigue. À noter, le Faecalibacterium prausnitzii est un producteur bien connu d’un acide gras à chaîne courte qui régule et atténue les changements inflammatoires dans l’intestin.

10. Maladies fréquentes

Étonnamment (ou non!), plus de 70 % de vos cellules immunitaires résident dans votre intestin. Les facteurs qui impactent le microbiote intestinal, par exemple l’alimentation, le stress ou les médicaments, peuvent permettre à des agents pathogènes opportunistes de coloniser et de se développer dans le tractus gastro-intestinal, entraînant ainsi une infection. Un microbiote intestinal stable peut empêcher ces colonisations, car il protège ledit tractus par un mécanisme appelé résistance à la colonisation, dans lequel les microbes existants entrent en compétition avec les microbes envahisseurs pour les ressources et empêchent leur croissance. Une étude a rapporté que certaines bactéries comme Bacteroides thetaiotaomicron peuvent même déclencher la production de peptides antimicrobiens ciblant d’autres microbes intestinaux.

En résumé

Votre santé intestinale représente une part importante de votre bien-être général. Les dix signes d’un microbiote en mauvaise santé peuvent vous mettre sur la piste et vous donner envie de découvrir ce qui se passe au sein de cet environnement microbien qui vous est unique. Il est important de noter que la recherche scientifique dans ce domaine est en constante croissance et que nous n’avons pas réponse à toutes les questions.

Bien qu’il existe de nombreux changements de mode de vie que vous pouvez adopter, il existe également des moyens d’analyser votre microbiome intestinal et de déterminer la répartition exacte des microbes présents dans votre tube digestif, c’est ce que propose l’analyse Jona. Les tests de Jona vous indiquent non seulement la composition de votre microbiome, mais notre technologie d’IA (intelligence artificielle) interprète les résultats pour vous, en fournissant un résumé personnalisé de la littérature scientifique relative à votre microbiome. Ce profilage peut vous aider à comprendre comment votre microbiome personnel est lié à votre santé.

Andréanne Martin
Fondatrice de la Clinique Épithélia & EpitheliaPro
Equipe de diététistes-nutritionnistes

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